L'IA et ces voitures qui freinent à votre place - Le Soleil

S’il n’y a pas eu d’accident à ce moment, c’est sans aucun doute parce qu’il n’y avait aucun autre véhicule qui me suivait derrière et, par chance, aucun camion-remorque, parce que je ne serais probablement pas là aujourd’hui pour vous le raconter. Des voitures qui paniquent, est-ce le genre d’intelligence artificielle qui sera à notre service durant les prochaines années? Yoshua Bengio, notre gourou national de l’IA, aurait alors une autre raison de se préoccuper des conséquences de celle-ci sur notre société.

Bon, une chance pour eux que les fabricants de voitures profitent de leurs nombreuses campagnes de rappels de voitures pour corriger ou améliorer le comportement de tous ces gadgets d’assistance à la conduite qu’ils vantent si abondamment dans leurs campagnes publicitaires. Pour celle que j’ai actuellement, il lui arrive de paniquer et de m’avertir du danger, mais elle me laisse encore cette fraction de seconde qui me sera nécessaire, moi pauvre humain si lent à réagir, pour que je prenne moi-même action dans des situations à potentiel de danger, avant qu’elle ne le fasse elle-même. Ça semble toujours fonctionner; c’est très rare, mais ça se produit à l’occasion, et pourtant, je ne suis pas du genre à les susciter. Ça me fait sourire quelquefois, en me faisant penser que ma voiture serait comme une passagère qui aurait peur en voiture, mais qui disposerait en plus d’une pédale de freins du côté passager! Dans tous les cas qui me viennent en mémoire, j’avais en effet déjà compris la situation et étais en contrôle de celle-ci, quoique pas aussi empressé qu’elle à appliquer les freins, conscient des conséquences potentielles sur les voitures qui suivent derrière.

Tout ceci ne change pas vraiment mon comportement comme conducteur, mais je me demande s’il n’y en a pas d’autres qui le font et même s’en réjouissent. Du genre: «Je peux me permettre de suivre de plus près, ce n’est pas grave, si ça freine en catastrophe devant, ma voiture va freiner à ma place et me sauver le c*». Ça expliquerait aussi peut-être bien des choses quand je constate cette nouvelle attirance des autres conducteurs pour mon pare-chocs arrière.

L’intelligence artificielle est déjà dans nos vies et ChatGPT n’est peut-être que la partie visible de l’iceberg. Il y a quelque temps, je disais qu’elle n’existait pas, mais je dois maintenant reconsidérer: c’est sa définition qui a changé, elle couvre beaucoup plus large que je ne l’avais pensé. C’est encore et toujours du banal code informatique qui tente de reproduire notre logique, notre mémoire et nos comportements, mais de manière encore plus redoutable, nous avons commencé à nous-mêmes changer pour s’en accommoder. Et c’est là peut-être ce qui fait que je rejoins Yoshua Bengio dans ses inquiétudes.

Adblock test (Why?)

L'IA et ces voitures qui freinent à votre place - Le Soleil
Read More