Les voitures de Pierre Fitzgibbon - Le Nouvelliste

Ont-ils vraiment cru que le gouvernement Legault interdirait la possession de véhicules? J’ai peine à croire que ce n’était pas une évidence pour tout le monde que Pierre Fitzgibbon ne faisait qu’illustrer l’immense défi que représente l’objectif de carboneutralité en 2050.

Sa déclaration s’inscrivait dans ses commentaires sur la décision d’Hydro-Québec de commander une étude sur la relance du nucléaire au Québec. Or, si on va jusqu’à reparler de nucléaire, comprenons au moins que c’est parce que cet objectif de réduction des GES sera très difficile à atteindre.

L’atteinte de cet objectif, si on y arrive dans les délais prescrits, passera par d’autres centrales hydroélectriques, ou du moins par des ententes avec Terre-Neuve-et-Labrador, par plus d’éolien, du solaire si possible, par des mesures d’efficacité énergétique et par des réductions de consommation. C’est inévitable.

Il n’est pas dit pour autant que l’objectif sera atteint. Mais il faut y tendre, non?

Le ministre n’a certes pas été clair. Il n’a pas été au bout de son propos dans les entrevues qu’il a accordées en début de semaine. Mais de là à croire, à partir de ce petit bout de rien, que le gouvernement Legault contraindrait qui que ce soit à se départir de son véhicule ou même de son deuxième ou troisième véhicule! Ouf!

Il y avait une marge que le bon sens interdisait de franchir.

Comment parler sérieusement de « guerre à l’automobile » à partir de ça?

Qui suit un peu l’actualité, qui s’intéresse un peu aux débats publics, sait parfaitement que le gouvernement Legault n’est pas un adepte du bâton en matière d’environnement, mais de la carotte.

Soit dit en passant — ça, tout le monde ne le sait peut-être pas —, le premier ministre François Legault est resté marqué par le mouvement des « gilets jaunes » qui a secoué la France il y a quelques années. Il ne fera rien qui dans son esprit pourrait déclencher un tel mouvement.

La politique gouvernementale sur le front environnemental est et restera basée sur des incitatifs. Par exemple, des incitatifs à l’achat de véhicules électriques.

La politique gouvernementale continuera aussi de s’appuyer sur le développement du transport collectif, même si ce ne sera jamais suffisant et qu’il en faudrait encore plus.

Les épouvantails...

Mercredi matin, le ministre Fitzgibbon a dû préciser sa pensée. Il a déclaré qu’il n’était pas question d’obliger qui que ce soit à se débarrasser d’un véhicule personnel. Il a établi un lien entre le développement du transport collectif et une éventuelle réduction naturelle du parc automobile dans les zones urbaines.

François Legault a eu l’air de recadrer les propos de son ami et ministre en disant qu’il n’était pas question de fixer un pourcentage de réduction du parc automobile et en répétant que son gouvernement mise sur le développement du transport collectif pour réduire le nombre de véhicules, au moins dans les villes.

Si ces mises au point étaient nécessaires pour certains, elles ne l’étaient pas nécessairement pour d’autres, qui avaient bien compris qu’en disant qu’il faudrait amputer de moitié le parc de véhicules pour parvenir à la carboneutralité, Pierre Fitzgibbon n’annonçait pas que son gouvernement allait se lancer dans ce genre de contraintes.

Ce n’est pas sa philosophie politique et ce n’est pas le genre de la maison Legault.

On peut bien dire que le ministre s’est mal exprimé au point de départ. On peut également ajouter que certains aiment bien inventer des choses et brandir des épouvantails.

Sur le fond, tant mieux si des ministres comme Pierre Fitzgibbon ont compris « qu’il faut consommer moins », qu’il « faut consommer différemment ».

Il a par ailleurs raison de dire qu’il est illusoire de croire que la voiture électrique réglera une grande partie du problème.

Quant à l’avenir comme tel, il est loin d’être certain qu’il y aura beaucoup moins de véhicules particuliers qu’aujourd’hui dans 25 ou 27 ans au Québec, même si le rapport entre la voiture et de nombreux jeunes change ces années-ci.

Par contre, il est fort possible qu’il y ait beaucoup moins de déplacements en véhicules personnels et pas mal plus en transport collectif.

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