Le monde mise beaucoup sur l’électrification des transports pour assurer l’avenir de la planète qu’il habite. Beaucoup trop.
Il faut agir sur plusieurs fronts pour faire face aux défis environnementaux, et l’électrification des transports en est sûrement un. À lui seul, le secteur des transports est responsable de 40 % des émissions totales de gaz à effet de serre. Mais l’impact de la disparition espérée des moteurs à essence pourrait bien être au mieux limité, au pire négatif.
La transition qui s’amorce vers les véhicules électriques a déclenché une course sans précédent vers les ressources minières indispensables à cette transition. La demande pour le lithium, le nickel, le cuivre, le cobalt et le graphite, notamment, explose littéralement.
Selon l’Agence internationale de l’énergie, plus de 200 kilos de ces minéraux sont nécessaires pour faire rouler un véhicule électrique, comparativement à 30 kilos pour une voiture à essence.
On sait déjà que les ressources minières déjà identifiées ne suffiront pas à la demande, d’où les efforts d’exploration déployés par les compagnies minières partout, y compris dans les coins les plus reculés et encore vierges de la planète.
Toute cette frénésie d’exploration ne se traduira pas en mines exploitables demain matin. Et même dans les meilleurs scénarios, la production ne suffira pas à satisfaire la demande croissante générée par la transition énergétique, selon S&P Global Market Intelligence, qui s’attend à ce que des pénuries apparaissent dès 2024 pour certains minéraux.
Après la terre, la mer
S’il n’y a pas assez de minéraux sur terre, il y en a peut-être sous la mer, et des entreprises s’y intéressent. L’exploration minière des fonds sous-marins, une hérésie pour les environnementalistes, est en train de devenir réalité1.
L’Autorité internationale des fonds marins, une organisation intergouvernementale liée à l’ONU et créée pour exercer un contrôle sur l’activité sous-marine hors des territoires des États, est prête à donner son feu vert à l’exploration minière dans certaines zones de l’océan Pacifique, en justifiant sa décision par des arguments climatiques. En gros : le monde a besoin de ces minéraux pour sauver la planète d’un désastre environnemental.
Même exploitées dans les meilleures conditions possibles, sous terre ou sous la mer, les mines détruisent l’environnement. Le raffinage des matières premières extraites ajoute aussi de la pression sur l’environnement, quels que soient la source d’énergie ou le procédé utilisé.
La fabrication de batteries pour véhicules n’est pas non plus une activité neutre en carbone. Même au paradis de l’hydroélectricité qu’est le Québec, les futures usines de matériaux de batteries qui s’y installeront seront alimentées au gaz naturel.
Les émissions liées à la fabrication des véhicules électriques sont de 40 % supérieures à celles des véhicules à essence, justement à cause de l’extraction et du raffinage des minéraux, estime la firme McKinsey2. C’est sans parler du fait que les voitures électriques ne régleront en rien les problèmes de congestion sur les routes, une source importante de pollution.
Électricité de source fossile
Plusieurs pays ont déjà programmé la fin des ventes de véhicules neufs à essence en 2035. C’est le cas du Canada et de l’Europe. Aux États-Unis, l’objectif est que les deux tiers des véhicules vendus d’ici 2032 soient électriques. Dans tous les cas, même dans les pays qui n’ont pas ce genre d’objectif, le nombre de véhicules électriques en circulation devrait augmenter considérablement, et ce, même si l’électricité qui les propulsera est de source fossile.
On peut légitimement s’interroger sur les gains environnementaux d’une voiture sans émission branchée sur un réseau électrique qui utilise le gaz naturel ou le charbon pour lui permettre de rouler. On l’oublie souvent ici, mais c’est le cas de la plupart des pays.
Les réseaux électriques ont aussi entrepris leur transition énergétique et les progrès sont rapides, mais pas assez. En 2022, l’énergie solaire et éolienne a généré 12 % de toute l’électricité produite dans le monde. Mais le charbon reste la principale source d’électricité dans le monde, avec 36 % de la production totale.
Aux États-Unis, 60 % de l’électricité consommée provient de centrales au gaz (40 %) et au charbon (20 %), selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA).
Avant de contribuer positivement au bilan environnemental du secteur du transport, les véhicules électriques vont contribuer à alourdir ce bilan.
Planète économique | Le mirage des voitures électriques - La Presse
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