Comme beaucoup d’autres facteurs, l’automobile fait de plus en plus mal dans le budget des familles. Les problèmes de crédits et les refus aux demandes de financement sont de plus en plus nombreux, alors que d’autres refusent avec raison de financer l’achat d’un véhicule à des taux que l’on jugerait aujourd’hui quasi usuraires. Dans l’usagé, il n’est d’ailleurs plus rare de voir des taux conventionnels frôlant les 10%, alors qu’il n’y a pas si longtemps, il s’agissait de taux spécialisés en deuxième chance au crédit.
Voilà pourquoi plusieurs acheteurs en quête d’une nouvelle voiture se tournent désormais vers des véhicules qu’on qualifierait de « minounes ». Des voitures âgées, qui ne sont souvent pas finançables et qui essentiellement, feront l’affaire le temps que la crise financière ne s’amenuise. Autrement dit, des voitures vendues à quelques milliers de dollars, tout au plus, s’accompagnant d’une garantie 30 pieds/30 secondes, à vos risques et périls.
En naviguant sur les sites d’annonces classées, je constate aujourd’hui que de plus en plus de commerçants automobiles conservent ces voitures. Un retour à d’anciennes méthodes pour ces derniers qui, majoritairement, délaissaient ces vieilles voitures pour se concentrer sur des véhicules âgés de sept ou huit ans tout au plus, leur permettant de donner accès à du crédit et d’éviter plus facilement le retour du client (parce que la voiture avait brisé le jour même).
Besoin d’une auto rapidement? Incapable d’accéder à du financement ou d’ajouter un paiement mensuel à votre budget? Vous pouvez aujourd’hui trouver de vieilles voitures qui, malgré un peu de rouille et un kilométrage avancé, pourraient faire le travail. Des voitures loin d’être excitantes, vendues entre 2 000 $ et 4 000 $, peut-être un peu plus, et qui ne représentent pas de gros risques financiers. Parce qu’elles ne déprécieront que très peu, dans la mesure où vous ne déboursez pas de trop gros montants en réparations, et parce que les ferrailleurs paient maintenant près de 1 000 $ pour des voitures complètes, encore en marche.
Si, jusqu’à tout récemment, ce genre de voitures était surtout vendu par des particuliers, on observe actuellement un retour en force de celles-ci chez les marchands. Une situation qui me rappelle un commerce jadis situé à St-Hubert, où j’avais (adolescent) fait l’achat de quelques « minounes ». Parce qu’à 17 ans, sans un sou, j’achetais ce que je pouvais. Certainement pas ce que je souhaitais.
En 1994-1995, ce commerce devait avoir en sa possession autour d’une quarantaine de vieilles voitures, qu’on vendait entre 500 $ et 2 500 $. Aucun financement n’est possible, même chose pour l’inspection. Or, le propriétaire du commerce, un certain M. Fortin, réussissait à fourguer ces vieilles guimbardes avec un taux de roulement assez étonnant. Un festival de Chevrolet Celebrity, Dodge Aries K, Ford Tempo, Renault Alliance et autres grands crus de ce genre, avec parfois quelques voitures japonaises, même si elles étaient rares.
Quelques-uns de mes amis et moi, qui étions dans une situation financière semblable, allions de temps à autre voir l’inventaire de ce commerce. Pour passer le temps, mais aussi pour voir s’il ne serait pas possible de trouver un peu mieux que ce que l’on conduisait à l’époque. Chaque fois que nous approchions d’une voiture pour l’observer, ledit M. Fortin approchait à son tour en nous nous disant : « C’char là, yé douète » (traduction : il est en bon état). Il le disait tellement souvent que c’en était devenu son surnom. Ainsi, puisque Internet n’existait pas et qu’il fallait donc se déplacer pour voir les véhicules, nous passions par chez « Yé douète » quelques fois par mois.
Fortin m’aura d’abord vendu une Mazda 626 1985 au moteur un peu faiblard, laquelle affichait près de 300 000 km au compteur. Une voiture payée 800 $ et dans laquelle j’ai remplacé le moteur quelques semaines plus tard. Il faut dire qu’à l’époque, on se procurait un moteur pour 100 $ à la casse. Deux-trois soirées dans le garage du père d’un ami à se salir les mains et la Mazda avait eu droit à sa greffe mécanique. Quelques mois plus tard, j’aurai revendu à M. Fortin cette voiture pour faire l’acquisition d’une Volkswagen Fox 1988.
Il m’a offert 800 $ pour la Mazda au moteur « neuf », alors que la Fox était vendue à 1 200 $. Bien que solide, cette Volkswagen n’aura duré qu’un mois, avant que la transmission manuelle ne flanche. J’ai ensuite ramené ladite Fox chez M. Fortin qui a tout de même accepté de m’en redonner 700 $, pour me vendre une Sunbird 1988 à 800 $. Celle-là, elle n’aura fait qu’une semaine. Parce que le léger claquement de son moteur 2 litres OHC était finalement plus inquiétant que ce qu’il m’avait laissé entendre.
Bon joueur, M. Fortin a repris la Sunbird sans poser de questions, lui a installé un autre moteur et l’a revendue à un type que j’allais ironiquement croiser quelques semaines plus tard dans un restaurant. Cela dit, cette époque où les voitures vieillissaient beaucoup plus rapidement, mais qui se réparaient avec une poignée de dollars et un peu de débrouillardise est aujourd’hui révolue. C’était l’époque où les prises de diagnostic des voitures n’existaient pas, où les témoins de température, de charge et d’huile moteur étaient les seuls à pouvoir nous inquiéter, et où les pièces ne coûtaient presque rien.
Aujourd’hui, il est beaucoup plus délicat de se procurer de telles voitures, puisque la quantité d’éléments technologiques (même sur une voiture de douze ans) fait en sorte que les problèmes se multiplient et coûtent beaucoup plus cher à régler. Parce que même si on vous dit que la voiture convoitée est « douète », il est clair qu’à ces montants, vous vous achèterez de petits problèmes.
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« C'char là, yé douète » - Le Guide de l'auto
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