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Monday, September 26, 2022

En Gaspésie, la «voiture est reine et maîtresse» - Le Devoir

Qu’ils pensent à l’autobus ou au train, des résidents du sud de la péninsule gaspésienne, dans la circonscription de Bonaventure, soutiennent qu’ils « font pitié » en matière de transport.

À Maria, où vivent plus de 2700 habitants, les voitures sont nombreuses sur la route 132 qui longe la mer. Au bord du chemin, Nathalie Deslauriers discute avec des clients intéressés par sa vente de garage, sous un fort soleil d’été. « On fait pitié, on n’a pas grand-chose [en matière de transport] », dit-elle au Devoir.

Depuis 2013, le train de passagers qui allait de Matapédia à Gaspé en longeant la côte sud de la péninsule ne circule plus. Seul le transport ferroviaire de marchandises est possible entre Matapédia et Caplan, un tronçon d’environ 125 km. Aucun train ne peut circuler plus loin vers Gaspé, qui est encore à 200 km, en raison de l’état des rails, selon le ministère des Transports du Québec (MTQ).

L’autobus, lui, effectue un départ par jour de la Gaspésie vers les grands centres en passant par le nord de la péninsule, et un autre par la route sud.

Pour se faire soigner dans les hôpitaux de Québec ou Montréal, qui offrent certains services non accessibles en Gaspésie, « ça nous prend des moyens de transport », poursuit Mme Deslauriers. « On n’a plus rien. Il faut être capable de conduire, sinon, ça ne marche pas. »

Rouler pour se faire soigner

 

Raymond Kerr, un résident de Chandler, à l’est de la circonscription de Bonaventure, en sait quelque chose. Il doit se rendre à Rimouski ou à Montréal plusieurs fois par an. L’homme de 71 ans combat un cancer colorectal depuis quatre ans. Il doit parfois aller passer des examens en ville. Sans compter les visites qu’il rend à ses filles, toutes deux résidentes de Laval.

En autobus, le trajet de Chandler à Montréal dure « quand même 14 heures », soit près de 4 heures de plus qu’en voiture, dit M. Kerr. « Mais on accepte et on roule », ajoute-t-il, avec bonhomie. Un billet ordinaire, avec la compagnie d’autobus qui offre le trajet, Keolis, coûte environ 130 dollars. Il prend aussi parfois sa voiture, lorsque l’état des routes est bon.

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Concernant la campagne électorale, Raymond Kerr salue les investissements du gouvernement de François Legault, notamment en région, durant son dernier mandat. Son vote ira donc à la CAQ.

Une lutte serrée entre le Parti québécois (PQ) et la formation caquiste s’annonce dans sa circonscription, Bonaventure. Le député indépendant sortant Sylvain Roy ne brigue pas de nouveau mandat. Ce dernier représentait les citoyens de la région depuis 2012 sans interruption. D’abord élu comme péquiste, il avait claqué la porte du PQ en 2021, parce qu’il ne faisait plus confiance au chef, Paul St-Pierre Plamondon.

Mais pour M. Kerr, le PQ « n’existe plus ».  « C’est un manque de leadership total, on se promène d’un candidat à un autre à peu près tous les deux ans. » Pour lui, le fondateur du parti, René Lévesque, était « un dieu ». « Il n’a jamais été remplacé non plus. »

Le retour du train

 

Selon le candidat péquiste Alexis Deschênes, les transports — comme le train et l’autobus — sont des services essentiels pour une région éloignée comme la Gaspésie. De plus, « le train, pour les marchandises et pour libérer de l’espace sur la route 132, il y a des entreprises qui en ont besoin. »

Si la mise en service du tronçon d’environ 70 km entre Caplan et Port-Daniel–Gascons est attendue en 2024, aucune date n’est prévue actuellement pour celui jusqu’à Gaspé.

Le gouvernement de François Legault a « traîné les pieds », selon M. Deschênes. S’il est élu, le Parti québécois (PQ) s’engage à rétablir un échéancier de travaux sur le tronçon entre Port-Daniel–Gascons et Gaspé pour permettre le retour du train de passagers et de marchandises d’ici quatre ans.

La candidate caquiste dans Bonaventure, Catherine Blouin, défend le gouvernement sortant. Les nouveaux délais devraient être connus en 2023, assure-t-elle. « Ce n’est pas qu’il n’y a plus d’échéanciers, c’est qu’on veut s’assurer d’avoir tous les éléments des analyses en main pour ne pas avoir d’autres mauvaises surprises. » Certaines structures qui devaient être rénovées doivent être complètement reconstruites, explique Mme Blouin. Elle souhaite la reprise du train « le plus rapidement possible du côté de Gaspé ».

Pour la candidate de Québec solidaire (QS), Catherine Cyr Wright, le retour du train est essentiel pour favoriser la transition écologique. « Dans notre plan pour régler la crise climatique, évidemment qu’en ce qui a trait au transport pour la région, c’est important de fournir des modes alternatifs de transport. »

Si la formation solidaire est portée au pouvoir, elle veut « révolutionner le transport interurbain » en créant Québec-Rail, qui comprendrait cinq lignes de train pour relier les principales villes du Québec. Ailleurs, Québec-Bus compléterait le réseau avec 11 lignes sur plus de 4000 km de route.

Pendant cette campagne électorale, le transport est « un enjeu aussi important que le logement en Gaspésie », estime pour sa part Pierre-Luc Arsenault, conseiller du secteur Pabos de la Ville de Chandler. Et, pas seulement pour les longues distances. Des résidents empruntent fréquemment leur voiture pour parcourir un ou deux kilomètres entre la maison et le travail, souligne l’homme de 42 ans attablé au sympathique Mich Café.

« L’auto solo est encore reine et maîtresse de nos routes ici », déplore M. Arsenault. Ce dernier utilise sa bicyclette pour aller à l’épicerie et conduire ses enfants à la garderie. « Mais on les compte sur les doigts d’une main ceux qui font ça. »

Le manque d’endroits sécuritaires où marcher et rouler à vélo est en cause, affirme Pierre-Luc Arsenault, la voix couverte par le bruit des cafetières qui roulent à plein régime. La vitesse à laquelle filent les voitures sur la route 132 pose problème, soutient-il. « Il y a de plus en plus de voitures, et elles sont de plus en plus grosses. »

« Finalement, le transport actif, ce n’est pas la manne, soutient le conseiller municipal. C’est “achète-toi un char ou reste chez vous”. »

Le manque de transports en Gaspésie rend les gens « zombies » et dépendants de la voiture et de ses coûts, assène M. Arsenault.

Quant à savoir quel parti politique pourrait favoriser le transport actif en Gaspésie et répondre aux problèmes locaux, Pierre-Luc Arsenault n’a pas de parti pris. Pour lui, l’idéal serait une formation qui aurait une vision pour la région et qui serait capable « de la mener à terme ». Mais cela prendra plus qu’un mandat de quatre ans, conclut-il.

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