Le 27 septembre 1908, la première Ford T sortait des ateliers de l’avenue Piquette, à Detroit. Grâce à l’innovation de la fabrication en chaîne, copiée sur l’organisation des abattoirs de Chicago, cette voiture simple et robuste a été proposée au départ pour 850 dollars, mais son prix a progressivement baissé jusqu’à 300 dollars. De telle sorte que tous les ouvriers de Ford et tous les Américains pouvaient rêver de s’offrir la célèbre petite voiture noire. Au seuil des années 1920, neuf automobiles sur dix produites dans le monde étaient des Ford T.
La firme en écoula 15 millions, record battu après guerre par l’autre voiture du peuple, la Coccinelle Volkswagen. Puis vint la Toyota Corolla, la 2CV Citröen, la 4L Renault, la 204 Peugeot. La voiture était devenue la conquête démocratique de l’après-guerre. Mais il semblerait que l’ère de la « voiture du peuple » (en allemand volkswagen) soit en train de s’achever. A la faveur de la sophistication des modèles, de la concurrence asiatique et maintenant du basculement vers l’électrique, la voiture populaire, chère au syndicat CGT Renault de Boulogne-Billancourt, n’est plus de mise.
Au placard les Polo, Twingo, Panda et autres minivoitures bon marché. Les batteries sont chères, les technologies évolutives et les pénuries omniprésentes. En deux ans, le marché de l’automobile dans le monde s’est effondré de 25 %. Les constructeurs ont alors découvert la pierre philosophale : on peut vendre moins et gagner plus. Jamais Stellantis (PSA-Fiat) n’avait engrangé autant de profits, même chose pour Volkswagen.
L’occasion grimpe au plafond
Car la demande reste plus forte que l’offre. Les constructeurs peuvent arrêter les promotions et se concentrer sur les modèles les plus rentables. Rejetant la majorité de la population vers le marché de l’occasion qui, lui aussi, grimpe au plafond. Stratégie toujours dangereuse que de se concentrer sur un marché haut de gamme, par définition plus étroit, fief des Allemands et aujourd’hui disputé par la terre entière, à l’image de Tesla et de tous ses imitateurs.
Mais la voiture abordable n’a pas dit son dernier mot. Ce mardi 5 avril, Honda et Ford ont décidé de s’unir pour produire une voiture commune à partir de 2027, dont le prix sera « abordable ». Comprendre en dessous de la barre fatidique des 30 000 euros (une Renault Zoe coûte 32 000 euros).
L’idée est d’utiliser une seule plate-forme et modèle de batterie de manière à baisser les coûts. Autour de ce même concept, Volkswagen et Ford se sont alliés, et Renault entend faire de même avec son partenaire, Nissan. Comme Henry Ford en son temps, les constructeurs réalisent que, au-delà de l’engouement pour le haut de gamme, la réinvention de la voiture populaire a, peut-être, encore un avenir.
« La voiture du peuple n'a pas dit son dernier mot » - Le Monde
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