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Friday, October 22, 2021

Prix record de l'essence : les effets sur vos achats et la voiture électrique - Radio-Canada.ca

Une station-service affichant un prix de l'essence élevé.

L'essence est dispendieuse depuis plusieurs semaines, atteignant désormais des sommets historiques. Cette station-service de Montréal affichait 1,539 mercredi.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Les records tombent depuis quelques semaines dans les stations-service situées aux quatre coins du Canada. Et ce ne serait qu'un début. Le prix de l'essence devrait demeurer élevé, du moins à court terme, ce qui aura d'autres répercussions sur votre portefeuille. Panier d'épicerie plus dispendieux que jamais cet hiver? Révolution des véhicules électriques accélérée? Les opinions des experts divergent.

19 octobre 2021. Plusieurs stations-service de Québec affichent un prix d'environ 1,55 $ le litre d'essence. Un nouveau record qui surpasse celui de 2008, selon les données de CAA-Québec. La nouvelle ne fait pourtant pas sensation. Comme si on s'y attendait. Après tout, les prix à la pompe ont augmenté d'environ 33 % par rapport à septembre 2020.

L'OPEP et son mercantilisme

La reprise économique de l'après-pandémie est plus forte que prévu et la demande excède la production en pétrole, explique Jean-Thomas Bernard, économiste spécialisé en ressources naturelles, corroborant ainsi la thèse de nombreux collègues.

Les pays de l'OPEP et ses alliés s'étaient beaucoup retirés, avaient baissé leur production en pétrole. Comme l'économie a repris beaucoup plus rapidement qu'anticipé, les prix ont augmenté, souligne le professeur émérite au département d'économique de la Faculté des sciences sociales de l'Université Laval.

Il s'agirait que l'OPEP accélère sa production et les prix vont diminuer, ajoute M. Bernard, doutant toutefois qu'une organisation réputée pour son mercantilisme prenne une telle décision.

Une affiche de station-service affichant le prix de 154,9 cents par litre.

Le record a été fracassé dans certaines stations-service de Québec. Pour retrouver des prix aussi hauts à Québec, il faut remonter à juin 2008, l'été du 400e anniversaire de la ville.

Photo : Radio-Canada / Olivier Bouchard

C'est dur de prédire. Je suis le prix du pétrole depuis près de 50 ans et j'ai encore des surprises. À long terme, la demande va baisser suite à l'effort pour réduire le CO2, mais présentement, les circonstances ne sont pas favorables à une baisse de la demande à court terme, nuance l'économiste, citant entre autres la crise énergétique qui sévit en Europe.

Il n'y a pas de discipline imposée autre que la discipline du marché. On paie plus cher et on va payer plus cher pas mal tout l'hiver.

Une citation de :Jean-Thomas Bernard, économiste spécialisé en ressources naturelles

Sans mettre la théorie de l'offre et de la demande en doute, le physicien expert en ressources naturelles Normand Mousseau perçoit derrière cette flambée de prix une tentative de l'OPEP d'engranger un maximum de profits avant l'inévitable omniprésence des voitures électriques sur les routes du globe.

Une vidéoconférence des membres de l'OPEP+.

Les représentants des membres de l'OPEP+ réunis par vidéoconférence en 2020 pour évoquer une baisse de la production mondiale. (archives)

Photo : Reuters

Le gouvernement libéral veut par exemple que cesse la vente de véhicules à essence durant la décennie 2030.

Les pays producteurs de pétrole voient que la soupe est chaude. Or, si je suis un producteur et que j'estime que la demande pourrait chuter de manière importante dans 15 ans, est-ce que je veux retarder l'inévitable de quelques années [avec de bas prix incitatifs] ou maximiser mes profits tout de suite? On sent qu'il y a un peu de ça actuellement et ce n'est pas fou de leur part, commente-t-il.

L'inflation

Selon Statistique Canada, l'indice des prix à la consommation a progressé de 4,4 % en septembre 2021 par rapport à ce même mois un an plus tôt. Il s'agit de la plus forte augmentation depuis février 2003.

Une personne pousse son panier d'épicerie.

L'inflation touche les dépenses les plus importantes pour les ménages, en particulier le logement, le transport et l'alimentation.

Photo : Radio-Canada

Le prix de l'essence et, par conséquent, le coût des transports sont en bonne partie responsables de cette inflation accélérée.

Tous les modes de transport commercial reposent sur le diesel, le gros de nos approvisionnements est lié au diesel. Ça affecte à peu près tout ce qu'on consomme, analyse Jean-Thomas Bernard qui a notamment été titulaire de la Chaire en économique de l’énergie électrique de l’Université Laval, de 1999 à 2008.

Quand le prix du transport augmente, le coût du panier d'épicerie augmente.

Une citation de :Jean-Thomas Bernard, économiste spécialisé en ressources naturelles

Des consommateurs dociles, mais...

La hausse du prix de l'essence est traditionnellement rendue possible parce que les automobilistes font toujours le plein, même s’ils rechignent à payer quelques dollars de plus, selon l'économiste. Les consommateurs ont le même raisonnement lorsqu’ils se présentent aux caisses de leur épicerie ou de leur quincaillerie de quartier.

Ils ont de grands besoins de base qui ne bougent pas beaucoup. Les gens ne réagissent pas beaucoup aux augmentations de prix, observe Jean-Thomas Bernard.

Pour Normand Mousseau, la capacité de payer des consommateurs a ses limites. La transition vers le véhicule électrique s'intensifiera au fur et à mesure que le prix de l'essence continuera d'augmenter. Et l'explication se trouve davantage chez les gouvernements, de plus en plus nombreux à instaurer des taxes environnementales qui amèneront selon lui des changements dans les habitudes du contribuable.

Ça fait partie du prix à payer par le pollueur-payeur, dit-il.

Si le prix de l'essence augmente, et le prix des voitures électriques diminue, l'attrait va être plus grand.

Une citation de :Normand Mousseau, physicien expert en ressources naturelles

Irréversible ou pas?

En 2021, un consommateur à la recherche d'un véhicule à essence dans l'optique de le conserver durant plusieurs années devrait donc bien faire ses devoirs, conseille le professeur au Département de physique de l'Université de Montréal.

Le prix de l'essence ne diminuera pas. Il va rester élevé et il va continuer à augmenter. Les gouvernements vont augmenter le prix de l'essence, prévient M. Mousseau, convaincu que cette tendance est irréversible.

Dans 5-6 ans, avoir un véhicule à essence au Québec, on va se faire regarder croche.

Une citation de :Normand Mousseau, physicien expert en ressources naturelles
Un véhicule à la borne de recharge.

Québec souhaite devenir l'un des pôles mondiaux du transport électrique. (archives)

Photo : Darrin Di Carlo/CBC

La transition est d'ailleurs déjà bien amorcée en Norvège. En septembre dernier, neuf voitures neuves sur dix vendues dans ce pays nordique étaient électriques ou hybrides.

Selon la Fédération automobile norvégienne, si la tendance se maintient, le dernier véhicule à combustion interne pourrait bien être vendu en avril prochain.

L'économiste pas aussi optimiste

De l'autre côté de l'Atlantique, Jean-Thomas Bernard demeure toutefois sceptique, considérant le changement trop draconien.

On s'en va dans cette direction-là. Ceux dont le prochain véhicule sera électrique, [un prix élevé de l'essence] ça peut accélérer leur décision, mais avant que ça ait un impact sur la demande, on est très loin de là, pense l'économiste.

L’objectif de cesser la vente de véhicules neufs à essence au tournant des années 2030 au profit des voitures électriques est beaucoup trop optimiste, selon lui.

Trafic sur l'autoroute Félix-Leclerc à Québec 15h30 le mardi 19 octobre.

En 2020, au Québec, moins de 2 % des véhicules sur les routes étaient des véhicules électriques ou hybrides rechargeables.

Photo : Radio-Canada / Carl Boivin

La preuve? À moins d'une décennie de cet échéancier, les véhicules à essence continuent de régner sur nos routes malgré un prix à la pompe élevé.

C'est graduel. Personnellement, je pense que la progression va être plus lente qu'anticipée. Il faut quasiment faire un changement de mode de vie comme brancher ton auto en arrivant, fait valoir M. Bernard.

Selon les chiffres colligés par Équiterre (Nouvelle fenêtre), les camions légers ont d'ailleurs atteint un sommet historique de 79,9 % des ventes de véhicules neufs en 2020 et représentaient 81 % des ventes entre janvier et septembre 2021.

Changer quelque chose de cette ampleur-là, c'est énorme. Le véhicule à essence, ça existe depuis 100 ans. Je ne fais pas l'apologie du véhicule à essence, pas du tout, mais c'est une forme d'énergie très compacte et très flexible.

Une citation de :Jean-Thomas Bernard, économiste spécialisé en ressources naturelles

Le confort avant tout

Pour lui, le confort demeure au centre des priorités des consommateurs, qui sont nombreux à parcourir de longues distances.

Un Ottawa-Québec, je fais ça en été avec mon climatiseur, je fais ça en hiver avec la chaufferette. C'est un véhicule qui est très résilient. Avant qu'on atteigne cette flexibilité-là avec le véhicule électrique, et ça va probablement se faire un jour, on est trop optimiste pour 2030, martèle l'économiste.

Ça s'est beaucoup amélioré, mais avec le service qu'on a par rapport avec un véhicule à essence, on n'est pas là.

Avec la collaboration de Jean-François Blanchet

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