C’est quelque chose qu’on n’a pas vu depuis 20 ans : une exposition d’automobiles au Stade olympique. Mais électriques, celles-là. Et chinoises, en plus. Signe des temps ?
Au Salon du véhicule électrique de Montréal, qui se tient cette fin de semaine au Stade olympique — une première pour le site sportif depuis 2002 —, ceux qui parmi les 35 000 visiteurs attendus par les organisateurs jetteront un coup d’œil au petit véhicule ET5 présenté par la société chinoise Skyworth — qui le vend sous la marque Imperium chez nous, un terme qui signifie « gouvernement » en latin — auront eux aussi l’impression de voir double.
Le véhicule utilitaire sport construit en Chine pourrait aussi bien être vendu sous l’enseigne Toyota ou même, à en croire les exclamations des premiers curieux présents à l’ouverture vendredi, sous Mercedes-Benz.
Il ne faut pas se surprendre de voir les constructeurs chinois d’automobiles électriques lorgner du côté de l’Amérique du Nord ou de l’Europe pour leurs futurs produits. L’occasion est belle, avec l’électrification en cours du secteur, de faire sa place dans un marché mondialisé qui n’a jamais connu un aussi grand dérangement.
Dans la mire de la Chine
Le Québec est un des marchés en Amérique du Nord où les véhicules électriques sont les plus prisés. À un prix qui démarre légèrement sous les 25 000 $ une fois l’aide gouvernementale à l’achat prise en compte, l’Imperium ET5 va certainement intriguer des acheteurs qui se soucient moins du logo qui orne la calandre de leur véhicule que de la motorisation qu’elle dissimule. Dans ce cas-ci : un seul moteur électrique et une batterie assez costaude pour assurer 400 km d’autonomie par charge.
Les noms de quelque 500 consommateurs québécois figureraient déjà sur la liste d’attente pour les premiers exemplaires destinés au Canada, qui sortiront des usines chinoises du constructeur dès novembre prochain, dit Christian Dubois, président d’Imperium Motors Canada. Il reste également à décrocher l’homologation des autorités canadiennes pour vendre le véhicule au pays, mais ce ne serait qu’une formalité, selon ce dernier.
Tout est question de prix
Tout va vite pour Imperium et pour M. Dubois, qui a été embauché aussi récemment qu’en juin dernier pour diriger l’implantation au pays de la marque qui appartient, en fin de compte, à une autre société appelée DSG Global. Outre le petit VUS présenté au Stade olympique ces jours-ci, le groupe dont le siège social nord-américain se trouve en Californie souhaiterait également à terme vendre au pays des véhicules commerciaux électriques, dont des autobus destinés aux sociétés de transport en commun.
Comme bien des sociétés dont les produits sont importés de Chine, le principal atout d’Imperium est de pouvoir vendre ses produits à un prix très bas, ce qui ne manquera pas d’agacer ses concurrents nord-américains et européens.
On dit Salon du « véhicule » électrique, car ce ne sont pas que des autos qu’on y trouve. Le constructeur californien Zero Motorcycles est l’une des marques les plus connues de motos électriques et a un stand sur place. On y trouve aussi des vendeurs de scooters, de vélos et même de véhicules tout-terrain (« quads ») électrifiés.
En plus d’être électriques, tous ces véhicules ont un autre point en commun : leur prix en fait sourciller plus d’un. C’est un thème qui revient régulièrement à la grandeur de l’exposition. Et pour amortir le coût plus élevé des véhicules électriques, l’aide à l’achat des gouvernements est essentielle. L’aide provinciale pour les automobiles atteint jusqu’à 8000 $ après taxes, et l’aide fédérale 5000 $, lorsqu’elles s’appliquent.
Ce qu’il adviendra de cette aide à l’achat à l’avenir est une question qui n’a pas été formellement débattue par les chefs des partis fédéraux dans le cadre de la campagne électorale, mais elle pourrait être appelée à changer rapidement en vertu de qui formera le gouvernement une fois le scrutin dépouillé.
L’organisme Mobilité électrique Canada a posé la question à chacun des partis fédéraux en lice. Si le Parti libéral et le Bloc sont pour le statu quo, le NPD a pour sa part proposé de tripler l’aide fédérale à 15 000 $, mais d’en faire une aide « familiale » bonne pour un ou plusieurs achats au sein d’un même ménage, à condition que les véhicules achetés soient fabriqués au Canada. Les conservateurs ne disent pas dans leur plan d’action s’ils conserveraient l’aide à l’achat et préfèrent se concentrer sur l’investissement dans l’industrie locale.
De leur côté, les exposants présents au Stade disent évidemment plutôt souhaiter une aide élargie qui inclurait davantage de modèles et de catégories de véhicules que le programme actuel. Cela pourrait concerner tant la flopée de camionnettes électriques attendue plus tard en 2022 que la possibilité de remplacer le moteur à essence de son propre véhicule par un groupe électrique équivalent, ce qui s’avère encore moins polluant que d’acheter un véhicule neuf en entier.
À voir en vidéo
Offensive chinoise dans le marché québécois de l'auto électrique - Le Devoir
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