La nécrologie de BlackBerry, en tant que pionnier des téléphones intelligents, a déjà été écrite mainte fois. Mais la compagnie canadienne qui se consacre aujourd’hui entièrement au développement de logiciels de cybersécurité et de plateformes pour appareils et véhicules connectés à Internet n'a pas dit son dernier mot.
Mis à genoux par la féroce concurrence, l'ancien roi du téléphone intelligent a passé les huit dernières années à se réinventer, ce qui lui a permis de produire le logiciel QNX. Cette haute technologie déjà intégrée dans des millions de voitures en circulation peut suivre les données en temps réel qui sont ensuite utilisées par Google Maps, la navigation GPS ou la surveillance du trafic routier.
L'entreprise, dont le siège social demeure à Waterloo, en Ontario, s'est récemment associée à Amazon pour créer BlackBerry Ivy, une nouvelle plateforme basée sur le nuage informatique (cloud) qui va encore plus loin dans le domaine de la technologie de conduite automatisée.
Car c’est maintenant possible de collecter des données en temps réel permettant aux passagers d'avoir accès à des informations variées, comme les conditions routières, l'emplacement de stations de recharge électrique ou de stations-service les plus proches.
Pour Sarah Tatsis, qui dirige le programme chez BlackBerry, une multitude de nouvelles possibilités sont dorénavant offertes.
Vous pouvez examiner des éléments tels que les embouteillages ou offrir des services spécifiques à vos clients, par exemple en leur recommandant une place de stationnement libre en fonction de l'endroit où ils se trouvent.
Des espoirs pour l'avenir de l'automobile
La compagnie fonde de grands espoirs sur cette technologie même si elle a reconnu la semaine dernière dans un communiqué de presse qu’elle n'est pas encore parfaite. En effet, BlackBerry a révélé avoir découvert une vulnérabilité potentielle dans les versions de QNX antérieures à 2012, portant un coup dur à sa réputation de sécurité.
Les versions ultérieures ne seraient pas concernées par cette faille, a néanmoins indiqué la société, précisant qu'elle n'était pas au courant d'une quelconque exploitation de cette vulnérabilité
. Il reste que ce type de communication démontre à quel point BlackBerry met l'industrie automobile dans ses priorités de développement.
Peu connu du public, QNX est pourtant installé dans 195 millions de véhicules en circulation. C'est presque 100 fois plus que le nombre de véhicules de Tesla, ce qui représente pour BlackBerry une longueur d’avance dans le domaine.
Pascal Forget, journaliste indépendant spécialisé dans les nouvelles technologies, confirme que l’entreprise possède beaucoup plus de données que Tesla. Elle peut les utiliser pour améliorer ses systèmes. C'est un gros avantage pour BlackBerry d'être déjà dans près de 200 millions de véhicules intelligents à l'heure actuelle
, a-t-il mentionné.
M. Forget pense qu’installer un seul composant sous le capot de chaque voiture intelligente sur la route ne suffira pas à ramener l'entreprise à ses jours de gloire, mais pourrait lui donner un nouveau souffle.
Un retour en force
Le président-directeur général, John Chen, est à la tête de BlackBerry depuis maintenant huit ans. Depuis son arrivée au sein de la société déchue, son objectif a été de s'éloigner une fois pour toutes de la bataille perdue des téléphones intelligents et se tourner vers les logiciels de demain.
Ce chemin a été douloureux, avec plusieurs séries de licenciements majeurs qui ont durement touché le secteur technologique de Kitchener et Waterloo, en Ontario. C'était sans aucun doute une période difficile et il y avait beaucoup d'inquiétude au niveau local
, a raconté Mike Kirkup, ancien responsable des relations avec les développeurs de l'entreprise.
Pendant que BlackBerry perdait des employés, M. Kirkup a rappelé qu'il y a eu un effort concerté pour retenir une grande partie de ses travailleurs compétents dans la région. Alors même qu'elle perdait la bataille des téléphones intelligents, l'entreprise donnait naissance à la prochaine génération de vedettes de la haute technologie.
Un certain nombre d’anciens employés de BlackBerry ont créé leur propre société, tandis que d'autres ont contribué à faire passer des entreprises technologiques existantes au niveau supérieur, comme la compagnie de surveillance des données Magnet Forensics.
La direction de cette jeune entreprise est composée en grande partie d'anciens employés de BlackBerry, notamment Adam Belsher et Jim Balsillie, respectivement président-directeur général et président. Le duo a cofondé BlackBerry avec Mike Lazaridis au début des années 1990, lorsque la société était connue sous le nom de Research in Motion.
Magnet Forensics, qui aide les organismes publics à lutter contre la cybercriminalité, a fait son entrée en bourse en mai, ce qui lui a permis de lever un fond 115 millions de dollars. À peine trois mois plus tard, ces actions ont déjà triplé de valeur.
Je crois que l’on sous-estime l'impact de ce que tous ces gens de BlackBerry font maintenant : ils font évoluer la prochaine génération d'entreprises avec un niveau d'expérience et de connaissance que très peu de gens auraient eu auparavant
, a conclu M. Kirkup.
Avec les informations de Philippe de Montigny et Pete Evans de CBC News
BlackBerry : de l'échec des téléphones intelligents à la voiture intelligente - ICI.Radio-Canada.ca
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